Arrêtons-nous aujourd’hui sur l’une de mes dernières acquisitions, un coffret très…très très particulier à bien des égards ! Il s’agit de films au genre indéfinissable, à la limite de l’expérimental : Koyaanisqatsi, Powaqqatsi et Baraka, regroupés dans l’étrangement nommée Trilogie Ecologique. Accrochez-vous, on est à la frontière du trip mystique !
Le hasard faisant parfois bien les choses. En visionnant l’un des nombreux bonus d’Interstellar, j’écoute attentivement Christopher Nolan expliquer sa conception du futur proche dans lequel se déroule le film, puis citer des références parmi lesquelles, Kouyanasquequoi ??? Koyaanisqatsi !
Peut-être que les cinéphiles s’indigneront de mon ignorance, mais jusqu’à ce jour, je n’avais jamais entendu parler de ce film, qui date pourtant de 1983 ! Autant j’avais entendu parler de Baraka et encore, c’est parce que je sais juste qu’il y a du Dead can dance dedans ; autant un nom aussi compliqué que Koyaanisqatsi m’aurait marqué si je l’avais entendu ne serait-ce qu’une fois ! Alors quand c’est Christopher Nolan lui-même qui en parle, ma curiosité me pousse à en savoir plus. Le moins que l’on puisse dire, c’est que je ne m’attendais pas à être autant fasciné par ce projet complètement fou. Au fil de rares lectures et visionnages de critiques sur le net (je me doutais bien que ce ne serait pas facile d’en trouver !), je me suis rendu compte qu’il ne s’agit pas que d’un film, mais d’une véritable institution.
Préalablement, une petite mise au point s’impose : Koyaanisqatsi est le premier opus de la trilogie Qatsi, respectivement suivi de Powaqqatsi et Naqoyqatsi, tous les trois réalisés par Godfrey Reggio. Si les deux premiers sont produits par Francis Ford Coppola, au second s’est ajouté Georges Lucas, et le producteur du troisième est Steven Soderbergh.
Or (attention, il faut suivre, là !), le coffret ne regroupe que les deux premiers, et à la place de Naqoyqatsi, qui a pour thème l’humanité et la guerre, a été ajouté Baraka, un film de Ron Fricke, qui a lui-même travaillé sur l’image des deux premiers Qatsi.
Pas mal crient au scandale en omettant de relever que le nom du coffret est Trilogie Ecologique, et non Trilogie Qatsi. Je peux les comprendre, néanmoins, mais pour le coup, c’est à mon avantage, car Naqoyqatsi, de par son thème, est justement l’opus qui m’intéresse le moins. On va donc enfin voir à quoi ressemble Baraka.
Ceci étant dit, passons au déballage du coffret :
Pour commencer, une photo de sa face avant :
La face arrière (et ses petites rayures :/) :
Le coffret est relié comme un livre…
…Et s’ouvre comme un livre. Les deux premières pages :
Les deux premiers films :
Et enfin, Baraka avec un disque contenant les bonus (le disque Bonus étant au format DVD) :
Maintenant, j’aimerais m’arrêter plus particulièrement sur celui des trois qui a motivé ma décision de me procurer le coffret :
Koyaanisqatsi est un assemblage cohérent d’images sur de la musique, sans narrateur, ayant pour vocation de nous montrer la place de l’être humain sur Terre, et surtout sa dépendance à la technologie, avec les bons et les mauvais côtés, sans jamais nous influencer ni nous donner un quelconque point de vue. Son réalisateur Godfrey Reggio le résume ainsi : “la beauté de la bête !”
En langue Hopis, Qatsi signifie la vie, et Ko-yaa-nis la folie, le déséquilibre. La folie de la vie, en somme ! Bon, n’ayant encore vu aucun des trois films, je ne suis pas là pour faire une quelconque critique, mais de ce que j’ai pu voir, le réalisateur ne nous impose aucun point de vue et ne nous influence aucunement. Si les situationnistes ou les alter-mondialistes rêvent probablement de s’approprier le film, nous ne sommes pas face à un message politique (malgré le titre trompeur du coffret, d’ailleurs, quelle maladresse !), mais face à une expérience que nous allons vivre, et qui va nous laisser donner notre propre point de vue. Si certains verront la technologie comme un fléau, d’autres auront conscience de son utilité dans l’évolution de notre société, au détriment de ce que la nature nous offre.
Il est d’ailleurs amusant de noter que Nolan, qui a tendance à être très dirigiste dans ses films, et à emmener le spectateur là où il souhaite nous mener, cite comme référence un film qui laisse la plus grande liberté d’interprétation au spectateur.
La musique y a une place fondamentale en ce sens qu’elle orchestre notre voyage au sein de ce défilé d’images qui nous montrent la vie à une échelle différente de ce que nous percevons, aussi bien d’un point de vue spatial que temporel. Composée par Philip Glass, je suis sûr à 90% que vous avez forcément déjà entendu au moins l’une de ses compositions tirées de Koyaanisqatsi. Utilisée pour l’une des bande-annonces de Grand Theft Auto IV, mais aussi dans le film Watchmen, il s’agit d’ailleurs d’une musique dont on retrouve quelques sonorités dans Interstellar.
Et pour rester dans les références, si le film nous laisse la plus grande liberté d’interprétation, il semble qu’il soit une source d’inspiration pour pas mal de cinéastes. D’après ce que j’ai déjà pu voir de la bande-annonce, il semble être le précurseur du Time-lapse, mais il propose aussi des portraits statiques de différentes personnes, monsieur et madame tout-le-monde, procédé que j’ai revu dans…Heavy Rain, exclusivité PS3 que l’on doit à David Cage. C’est tellement frappant que cela ne peut être une coïncidence !
Bref, il est temps de me faire mon propre avis !
Bien à vous,
Hyperion_Seiken