[CHRONIQUES] Pandora Project – Auteur : Yuna Minhaï Dekebat

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00Bonjour à tous,

Aujourd’hui, je vous propose un article exceptionnel, car je m’éloigne du cinéma et du jeu vidéo, même si l’on peut déceler un lien avec ce dont je vais vous parler, car j’ai décidé de vous livrer une chronique sur…un livre !!! Et pas n’importe lequel car, si aujourd’hui vous n’entendez parler que des Marc Levy et autres Amélie Nothomb, et que même les amateurs de fantasy ne peuvent difficilement passer à côté du Trône de Fer, j’ai décidé de m’arrêter sur une petite merveille de l’auto-édition : PANDORA PROJECT, par Yuna Minhaï Dekebat.

 Le point sur la campagne de financement

Pandora Project est un roman issu d’une grande aventure, en premier lieu, celle de l’auteur elle-même. En effet, il faut savoir que Yuna Minhaï Dekebat a travaillé son livre pendant des années, mais surtout qu’elle a fait le pari de lancer une campagne avec MyMajorCompany, dont vous pouvez retrouver la page ci-dessous :

Pandora Project sur MyMajorCompany

Premier constat, la jeune demoiselle a parfaitement su générer la curiosité et l’excitation à travers sa campagne de financement car, pour 2.000 EUR envisagés, ce sont plus de 8.200 EUR qui lui permettront de concrétiser son projet d’auto-édition, soit quatre fois plus que ce qui était espéré au départ.

Je n’ai malheureusement découvert ce projet qu’après son financement et je suis déçu, car j’aurais aimé contribuer à cette aventure. Mais depuis, je reviens régulièrement sur MyMajorCompany ou même Ulule et jamais je n’ai retrouvé un financement aussi réussi que celui-ci pour un roman !

En même temps, comment résister à une telle mise en bouche, quand on voit que l’auteur touche à tout : les illustrations, les extraits, des goodies type bijoux et même une bande-annonce !!! Non, on ne peut nier que la campagne a été menée en mêlant à la fois intelligence et passion.

L’apparence du livre

Tout cela m’a donc convaincu, et j’ai décidé de laisser sa chance à ce livre et j’ai eu la chance d’obtenir l’un des 600 exemplaires au format papier de ce livre de près de 630 pages !

Alors comme vous l’avez compris en parcourant mon blog, ici, je parle aussi bien du fond que de la forme, et il est donc normal que je m’intéresse ici au support lui-même (hé oui !).

Pour commencer, je vous propose une photo du roman dès son arrivée, pour vous permettre de le voir neuf. Je l’ai reçu en effet il y a un an mais il n’est jamais trop tard pour vous en parler ^^

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Pour la petite explication, cette photo avait été faite dans le cadre d’une activité promotionnelle organisée par l’auteur, qui demandait à ses lecteurs de prendre le roman en photo chez nous. Et vu qu’il venait de se taper 10.000 Km pour me parvenir, j’ai opté pour une petite vue depuis ma terrasse.

En ce qui concerne la couverture, nous avons une illustration très sobre sur fond noir, énigmatique et du coup, peu parlante. Le mystère reste donc entier jusqu’à ce que l’on lise les premières pages ! Néanmoins, le visuel nous offre un cachet élégant qui évite la surenchère tout en proposant une illustration soignée et bien réalisée.

Sans parler d’Edition Collector (il ne faut pas que ça vire à l’obsession non plus), j’ai eu droit à deux petits goodies très sympathique. En premier lieu, le roman était accompagné d’un superbe marque-page, disposant d’une illustration par l’auteur elle-même (vous noterez la qualité du dessin) :

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En second lieu, j’ai eu droit a une petite carte de visite, avec les coordonnées utiles liées au roman et à l’auteur :

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Le livre en lui-même est imposant, ce qui ne peut être qu’évident vu le nombre de pages :

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Cartonné, il bénéficie d’une reliure assez résistante, mais j’avoue ne pas avoir osé trop forcer lorsque je tournais les pages.

Parlons du contenu, maintenant !

En résumé

Qu’est-ce qui se cache derrière ce titre bien énigmatique ? Pour situer le contexte, nous pouvons parler d’un roman fantastique ayant pour cadre un univers post-apocalyptique et dystopique, à travers lequel nous suivons deux personnages.

D’un côté, Ensaï, jeune homme amnésique débarquant à Newport, une mégalopole aussi vaste et désespérée que ce qu’ont pu nous montrer Blade Runner ou même encore Final Fantasy VII avec la fameuse Midgard. Ensaï est rapidement aidé (pour ne pas dire assisté tellement notre pauvre ami est à la ramasse) par un jeune clandestin très dégourdi, Ienzo, qui va passer une bonne partie du roman à le sortir des ennuis. L’aventure d’un homme qui se réveille dans une triste réalité et qui cherche à découvrir son passé.

De l’autre côté, nous suivons Heather, meneuse d’un clan vivant dans le désert d’Ekkar, marquée par un terrible drame dont elle refuse de se rappeler. L’aventure d’une femme qui vit dans un monde régulé par la magie, et qui au contraire, s’écarte de ses souvenirs.

Le monde de Pandora Project

L’alternance entre ces deux histoires devient alors un véritable terrain de jeu pour l’auteur, qui s’évertue à symboliser parfaitement le parallélisme existant entre ces deux héros, parallélisme poussé jusqu’au cadre dans lequel ils évoluent (la nuit déprimante de Newport, le soleil éclatant d’Ekkar), à un point que LA fameuse question nous vient rapidement : quel est le lien entre Ensaï et Heather ?

Ce n’est pas possible, il y en a forcément un ! Et pourtant, leurs aventures semblent se dérouler dans deux mondes complètement différents. Des mondes parallèles, des époques différentes, un seul et même monde ? Les réponses, rassurez-vous, on les obtient à un moment où un autre, et il faut d’ailleurs noter un point important : Le risque de définir les codes attribués à deux mondes différents peut entraîner l’auteur dans une impasse, qui va le pousser à enchaîner les incohérences et autres anachronismes.

Dans le cas présent, Yuna maîtrise parfaitement l’univers qu’elle a mis en place et parvient à mettre en place un monde à la fois dense et cohérent. Et si vous avez un peu parcouru mon blog, vous n’êtes pas sans savoir que j’accorde une importance majeure à l’immersion quand je joue, ce qui s’applique également aux films et aux romans. Et dans le cas présent, l’immersion est si bien travaillée qu’elle risque de diviser, car il y a une partie du lectorat qui attend davantage d’actions que de mise en place (et je dis bien mise en place, à distinguer des descriptions, mais j’y reviendrai).

En effet, l’auteur prend son temps pour mettre en place cet univers qui, on le sent dès le début, a tant de choses à nous dévoiler (ou à nous cacher !) ce qui, par conséquent, signifie que rien n’échappe à sa vigilance : structures, vêtements et bijoux, traits des visages, paysages ! Et de paysages, elle est de ces rares auteurs capables d’embellir un désert.

Nous sentons à ce propos que l’auteur est particulièrement fascinée par les déserts, et elle le leur rend bien en nous offrant des descriptions à la fois utiles et précises, capables d’éveiller tous nos sens, à un point que l’on a presqu’envie de sentir le sable chaud sous nos pieds ! Elle peut être fière d’être parvenue à nous transmettre sa passion à travers des mots.

La ville de Newport, de son côté, en est un contraste flagrant : polluée, sombre, triste, sous la coupe d’un tyran, Sullivan, dont le rôle devient plus intéressant et moins classique que ce qu’il pourrait laisser croire au début du livre, mais je reviendrai sur son rôle un peu plus tard.

Bref, Newport est l’un des arguments qui ont contribué à attiser ma curiosité pour son livre. Si mon film de chevet est Blade Runner, vous vous doutez bien que la ville n’est pas pour rien, et il est vrai que j’éprouve une certaine fascination malsaine pour cette ambiance pesante qui nous donne l’impression d’évoluer dans une ville plongée dans une nuit permanente, et histoire d’en rajouter une couche, sous la pluie ! Et si j’attendais de l’auteur une description qui me ferait ressentir cette ambiance à la limite de ce que l’on retrouve dans le style cyberpunk (sans qu’il y ait un lien avec ce genre), je n’ai aucunement été déçu par le résultat, alourdi par l’omniprésence du tyrannique Sullivan.

Bref, deux héros dans deux mondes pour un seul roman.

L’histoire et sa mise en place

Je parlais un peu plus haut d’un point qui risquerait de diviser les lecteurs, il s’agit de la mise en place de l’histoire, pour laquelle l’auteur passe par un processus visant à détailler les deux mondes dans lesquels évoluent les héros, tout en leur faisant vivre le cours de leur histoire. Néanmoins, il faut bien garder en tête que, durant les 200 premières pages, la mise en place prend du temps et les choses qui arrivent à nos deux héros représentent en quelques sortes, une ligne droite (d’un côté, Ensaï qui passe son temps à s’enfuir et de l’autre, Heather qui chapote sa tribu comme elle peut), utile car elle nous permet d’approfondir dès le départ la psychologie de chacun des personnages, et intéressante, car elle nous permet de faire un peu la connaissance des protagonistes et, assez rapidement, on finit par s’y attacher (Ienzo, qui accompagne Ensaï, est d’ailleurs l’un des plus attachants, j’adore !).

Mais soudain, après cette immersion nécessaire à la mise en place d’un univers parfaitement construit et maîtrisé, nous assistons à une montée en puissance de l’action ! Les rebondissements commencent, les scènes d’actions s’enchaînent jusqu’à…désolé, je ne souhaite pas « spoiler » cette histoire, car découvrir les évènements qui suivent est un moment à la fois agréable et passionnant, et il vous sera difficile de vous arrêter de lire. Et à cet instant, vous vous rendrez compte à quel point il aurait été difficile de balancer autant d’informations sans un préalable aussi détaillé. Sachez simplement que vous ne serez pas en reste si vous aimez l’action et les combats, même si tout cela ne se fera pas sans laisser au lecteur sensible que vous êtes, de profondes blessures.

Par ailleurs, le monde de Pandora Project regorge de références à diverses mythologies. Rien qu’au niveau du titre, nous sommes clairement dans la mythologie grecque avec le mythe de Pandore, mais l’auteur utilise des termes mythologiques dans son roman, et leur attribue un sens réfléchi dans le contexte. Yggdrasill pour la mythologie nordique, Samsara chez les bouddhistes, on a même un fin parallélisme opposant d’un côté la marque de l’Oblivion (qui signifie l’oubli en anglais), et de l’autre la carte de tarot de l’abandon, chacun des deux représentant une façon pour chacun des deux héros d’oublier leur passé.

Une petite note enfin, pour finir sur l’histoire. Le livre est épais, il est vrai, et vous sentirez comme moi que, vers la moitié, on aurait pu assister à un terrible et intenable « A suivre… »

L’auteur envisageait, me semble-t-il, de diviser le roman en deux tomes, mais elle a peut-être eu raison de se contenter d’un seul livre, en ce sens qu’il constitue un tout difficilement séparable. Et le roman jouant sans cesse sur le parallélisme et la dualité opposant les deux personnages principaux, il aurait été dommage de ne pas aller jusqu’au bout de la démarche en un seul livre. Enfin là, je vous livre un avis discutable et purement subjectif.

Les personnages

A côté de l’immersion, j’accorde une attention tout autant particulière aux personnages, car j’estime que, quel que soit le support, une histoire simple peut devenir un chef-d’œuvre si les personnages qui la vivent sont bien travaillés.

Pour en revenir au cas présent, même s’il faut reconnaître (et ce sera mon seul petit reproche, histoire de pinailler un peu) que, malgré l’impressionnante taille du roman, il manque peut-être de personnages mais, la qualité est au rendez-vous, ce que je vais vous montrer à travers quelques uns d’entre eux :

Ensaï, même si son rôle est attachant, est cependant celui pour lequel j’accordais le moins d’intérêt (pour une raison que vous comprendrez juste après). Alors certes, il est amnésique, mais à plusieurs reprises, j’avais presque envie de le secouer comme une bouteille pour qu’il se remue un peu, car il représente assez le stéréotype de l’amnésique qui subit (si vous voulez un exemple inverse : Jason Bourne ! Le mec est amnésique, mais si on lui cherche des noises, il tabasse ! Le même personnage a d’ailleurs inspiré le héros de BD XIII. Bref !), ce qui est dommage, car comme je vous l’ai dit, il se passe un certain nombre d’évènements bien plus tard qui font enfin bouger notre héros.

Ienzo est la raison pour laquelle je n’ai pas autant accroché au personnage principal que j’aurais dû, car en plus d’être dégourdi et débrouillard, il est plein de réparties et, s’il montre plus facilement son côté humain, force est de reconnaître qu’il a beaucoup de charisme et qu’il ne manquera pas de vous faire sourire à quelques reprises.

Heather, qui vit dans le désert d’Ekkar, est l’opposée d’Ensaï. Elle est une meneuse, une femme forte que les amateurs de J-RPG prendront plaisir à découvrir, aussi bien pour son courage que ses vêtements qui lui attribuent un style typiquement Fantasy.

Mais sans dire qu’il s’agit de mon personnage préféré, j’ai eu un tout petit coup de cœur pour l’antagoniste, Sullivan, même si j’ai eu beaucoup de mal avec lui au début. En effet, l’auteur a recours à la majuscule dès qu’elle emploie un mot rattaché à l’égo de Sullivan, pour accentuer son narcissisme (Lui, Il, Son, etc.), si bien que, si c’était l’effet voulu, on a envie de Lui mettre une grosse claque ! Son personnage est effectivement puant d’orgueil, et j’avais peur d’avoir là un méchant un peu basique…mais là encore, je me suis trompé !

Comme je vous l’ai dit plus haut, après les deux cents premières pages, il se passe beaucoup de choses, et un retournement de situation changera complètement ma perception du personnage de Sullivan. Oui, il est une crapule, mais dès qu’on a l’occasion d’en apprendre davantage sur lui et de le voir dans un contexte plus surprenant que ce à quoi il nous a habitué, on finit presque par avoir envie de le revoir dès que possible, un peu dans le genre de ceux que l’on adore détester ! Bref, j’ai un peu plus développé sur lui car vous devez être conscients que votre première approche de ce personnage risque d’être faussée, et que vous aurez de bonnes surprises au final !

Un petit mot sur l’ambiance sonore

Quand je vous disais que Yuna décrit tout et fait attention à tout, je ne vous mentais pas. Elle nous réserve en effet une playlist, indiquant le nom de la musique et du groupe qui l’interprète à chaque moment clef du livre, et il y en a plutôt pas mal. Après, tout est évidemment une affaire de goût, mais on sent bien le souffle épique qu’elle a souhaité nous faire ressentir, en choisissant minutieusement du Two Steps from hell ou du X-Ray Dog. Egalement de bonnes surprises sont à relever comme la présence de certains morceaux de Mass Effect 3 et du Gregson-Williams. En ce qui concerne l’écoute de la playlist, au moment où j’écris mon article, l’auteur avait mis les musiques sur Grooveshark, mais ce site ayant visiblement fermé ses portes, je pense qu’il va falloir se contenter de les chercher sur Youtube ou Deezer, par exemple.

En tous cas, j’apprécie beaucoup cette initiative, car écrivant moi-même, il m’arrive de me constituer une playlist, qui est une aide précieuse pour aider à définir l’ambiance et les émotions.

En conclusion

Vous l’avez compris, je n’ai pas écrit cette chronique pour critiquer le livre, mais bien pour l’encenser. Et cela, pour plusieurs raisons :

– Le livre a été auto-édité, et nous savons tous à quel point l’auto-édition est une aventure qui nécessite à la fois du courage et de la détermination. Etre capable d’aller jusqu’au bout de sa démarche est une victoire, et malgré cela, il est triste de voir que les lecteurs vont se montrer plus durs, plus sévères, qu’envers un livre édité par la voie classique.

– L’histoire, si elle nécessite une mise en place assez longue, est très prenante et nous plonge dans un monde riche et passionnant, l’auteur arrivant à nous dépayser en alternant entre l’ambiance pesante de la mégalopole et le sentiment de liberté que nous offre le désert.

– Les personnages, même s’ils ne sont pas très nombreux, sont bien développés et très attachants.

– Plus on avance, plus on accroche !

– L’auteur a su aller jusqu’au bout de sa démarche avec de belles illustrations, une playlist, des bijoux…

Ma chronique se termine enfin, j’espère vous avoir donné envie de vous plonger dans le roman ou au moins, à éveiller votre curiosité.

A bientôt,

Bien à vous,

Hyperion_Seiken

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